Nos regards traîtres

Au centre de la chambre, une chandelle brûlait. Sa flamme, immobile, s'élevait plus haut que de coutume. Assises autour de ce feu statique, les deux soeurs se tenaient par les mains. La luminosité suffisait à éclairer leurs visages et leurs yeux... ou étaient-ce plutôt ces mêmes yeux qui illuminaient les visages? Elles se regardaient, sans bouger. Il restait, lui aussi, à l'affût. Il avait oublié l'heure, ne sentait plus l'échelle sous ses pieds. À vrai dire, il ne se sentait pas même respirer. Le temps s'écoulait, sans qu'il ne s'en rende compte. Aux premières lueurs du matin, bien qu'il n'ait jamais cessé de regarder, il s'était aperçu, tout à coup, que les filles n'occupaient plus le centre de la pièce. Chacune reposait confortablement sur le lit, le visage inondé de cheveux dorés.